Quand les cellules se passent le mot
Hortense Moreau
Un parcours mouvementé, inspiré par des rencontres
Il est 13h30, nous arrivons sur le campus de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à Villenave d’Ornon, Hortense Moreau m’invite dans un bureau décoré de tableaux. Nous pouvons y apercevoir une couverture de la revue, où son thème de recherche a été mis à l’honneur. Derrière la porte, nous entendons ses collègues rire, ce qui fait deviner une bonne ambiance de travail. Nous nous asseyons donc, et Hortense me raconte son parcours.
Elle commence ses études supérieures en allant en première année commune aux études de santé (PACES, anciennement PASS), car attirée par les domaines de la médecine. Néanmoins, cette voie ne lui est pas forcément destinée, et après sa première année, elle réussit à rejoindre une deuxième année de licence de biologie à l’université de Bordeaux. C’est d’ailleurs durant cette licence qu’elle découvre un domaine qui change sa vie : « À la fin de ma licence, j’ai assisté à des cours sur la biologie des plantes et j’ai trouvé ça
À la suite de ces cours, et grâce à la passion de ses enseignants, Hortense fait son stage de troisième année de licence à l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV). « C’était la première fois que je mettais les pieds dans un laboratoire de recherche, et je trouvais l’endroit vraiment super. Cela m’a ensuite donné envie de postuler dans le master d’Agroscience de biologie et biotechnologie des plantes ».
Son parcours s’est donc forgé à travers des rencontres, et de son envie de suivre ses passions sans forcément emprunter un chemin linéaire.
Je trouve cela hyper important de rendre ce sujet accessible, d’en parler aux plus jeunes, et de communiquer là dessus
Les plasmodesmes, les voies du dialogue cellulaire
Après sa thèse à l’Institut des sciences des plantes de Montpellier, Hortense rejoint le LBM. Elle intègre, en tant que post-doctorante, l’équipe PLASMODESM, nommée d’après les structures qu’elle étudie.
Schématiquement, les plasmodesmes sont des ponts intercellulaires chez la plante, qui autorisent la communication. « Ce sont des conduits qui permettent le trafic et le flux de molécules entre deux cellules ». Ces « ponts » sont très très petits, ils ne font que quelques nanomètres, et ne peuvent donc pas être analysés à l’œil nu. Pour cela, Hortense utilise des techniques de microscopie électronique, qui vont permettre d’observer en détail ces plasmodesmes, jusqu’à pouvoir les compter. Parmi les méthodes qu’elle utilise, celle de la tomographie électronique. Pour expliquer brièvement en quoi cela consiste, cette technique permet de reconstruire la structure d’un objet en 3D. Grâce à ces méthodes complémentaires, les scientifiques peuvent mieux comprendre la structure et les mécanismes de régulation des plasmodesmes.
De plus, Hortense et son équipe travaillent en collaboration avec d’autres laboratoires, nationaux comme internationaux, permettant d’approfondir le sujet. « Ils utilisent des modèles mathématiques et des lois de la physique pour modéliser ce que nous, nous observons in vivo ».
Le déclic d’une rencontre
Hortense Moreau me raconte une rencontre marquante qui lui a permis de trouver sa voie. C’est en licence qu’elle fait la rencontre de David Lecourieux, chercheur à l’ISVV, son professeur de biologie végétale. Elle fût tellement passionnée par son cours, qu’elle décida d’aller faire son stage au sein de son laboratoire. « Si je n’avais pas rencontré les professeurs que j’ai eu en cours, je pense que je ne ferais pas ce métier aujourd’hui ». Cela lui fit découvrir le monde de la recherche qu’elle adora et qu’elle n’a plus quitté depuis.
La transmission de savoirs
Jusqu’à présent, nous avons pu aborder la première passion d’Hortense, la biologie cellulaire, mais nous n’avons pas forcément abordé la deuxième : le partage de savoirs.
Aujourd’hui, Hortense est maîtresse de conférences et participe également à des événements de médiation scientifique tels que la Fête de la science. Ce qu’elle adore : faire comprendre à ses élèves des concepts complexes avec des mots simples, et montrer que la science peut être accessible. Par chance, ses recherches se prêtent bien à la diffusion, dû aux nombreuses modélisations, aux photos et vidéos, formats plus adaptés pour un public
Pour Hortense, partager le quotidien et les méthodes des chercheur.euse.s est important, pour pouvoir faire naître des vocations, comme cela a été fait pour elle en licence. « Moi, on m’a vraiment donné envie de faire de la recherche, ce n’est pas quelque chose qui m’est venu tout de suite, ou qui me passionne depuis l’école primaire. Je ne connaissais même pas l’existence du métier de chercheur. Je trouve cela hyper important de rendre ce sujet accessible, d’en parler aux plus jeunes, et de communiquer là-dessus ».
Emilie Etienne
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