Marcher à nouveau : quand la technologie redonne espoir aux patients parkinsoniens
Alors qu’aucun traitement curatif n’existe encore pour la maladie de Parkinson, les scientifiques développent des solutions pour en atténuer les symptômes. Parmi elles, une neuroprothèse en phase d’essais cliniques. Elle pourrait bientôt redonner de la fluidité aux mouvements et améliorer l’autonomie des patients, face aux 25 000 nouveaux cas chaque année.
Écrit par : Chloé Boin Mignon
Elle se caractérise surtout par un ralentissement des mouvements, voire par une incapacité à les exécuter

En 2025, environ 270 000 Français sont atteints de la maladie de Parkinson, selon France Parkinson. Cette maladie neurodégénérative résulte de la disparition progressive des neurones producteurs de dopamine dans notre cerveau. La dopamine, souvent surnommée
« hormone du plaisir », joue un rôle essentiel dans la communication au sein de notre système nerveux, notamment la commande des mouvements.
« La maladie de Parkinson ne se résume pas à de simples tremblements », précise Erwan Bezard, neurobiologiste à Bordeaux Neurocampus. « Elle se caractérise surtout par un ralentissement des mouvements, voire par une incapacité à les exécuter. » Les symptômes n’apparaissent qu’après 10 à 20 ans de dégénérescence, lorsque le cerveau ne parvient plus à compenser la perte neuronale, entraînant chutes et difficultés motrices.
Objectif : atténuer les symptômes
À ce jour, aucun traitement n’existe pour guérir de la maladie de Parkinson. Les scientifiques recherchent alors des solutions, pour atténuer les symptômes et améliorer ainsi la qualité de vie des patients. La L-dopa, présente sur le marché depuis 55 ans, est une gélule composée d’un acide aminé, nutriment naturellement présent dans notre alimentation. Pris par voie orale, l’acide aminé passe par l’intestin avant d’atteindre le cerveau, en quelques minutes grâce à la circulation sanguine. Des neurones spécifiques transforment, grâce à une réaction chimique, la L-dopa en dopamine permettant ainsi un traitement symptomatique. Cependant son efficacité peut diminuer avec le temps ; elle n’arrête pas la progression de la maladie.
Une autre approche possible est la chirurgie de stimulation profonde. Cette intervention consiste à implanter des électrodes dans des zones spécifiques du cerveau, notamment au centre, au niveau du noyau sous-thalamique. Elles sont connectées à un boîtier placé sous la peau. Ce dispositif libère un courant de faible intensité qui aide à réduire les symptômes liés à l’activité neuronale. Bien qu’efficace, cette opération reste invasive et n’est proposée qu’à certains patients de moins de 70 ans dont les fonctions cognitives sont conservées.

Une avancée technologique contre les troubles de la marche
La neuroprothèse, une avancée prometteuse, améliore la prise en charge des troubles moteurs liés à la maladie de Parkinson. Ce dispositif vise à aider les patients souffrant de troubles de la marche entraînant des chutes. Une électrode est placée entre l’os et la moelle épinière. Elle est reliée à une puce contenant un programme algorithmique, avec un code informatique qui pilote la stimulation de la marche. Quand le cerveau ordonne la marche, la puce contrôle l’électrode et déclenche la contraction alternée des muscles des jambes, reproduisant le cycle de la marche en quelques millisecondes, de manière presque naturelle. Le dispositif est entièrement intégré au corps du patient : « Il n’y a rien qui sort, rien qui dépasse », précise Erwan Bezard.
Toutefois, cette neuroprothèse n’est encore qu’en phase d’essais cliniques. Les critères de sélection pour y participer restent très stricts, notamment concernant l’âge des patients : un premier patient, âgé de 62 ans, vit avec la maladie depuis trois décennies. Si les premiers résultats sont encourageants, il reste à démontrer que cette technologie permet effectivement de réduire le nombre de chutes au quotidien, entre 50 et 70 % en fonction des patients.
Pour Erwan Bezard et son équipe, le prochain défi sera de pouvoir tester cette technologie sur davantage de patients. Si les résultats de cette phase clinique se confirment, la neuroprothèse pourrait transformer la vie de nombreuses personnes atteintes de Parkinson.