Mouvement

De la perséverance dans la recherche

Clément Dussarps

Clément Dussarps est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ) de l’université de Bordeaux. Spécialisé dans l’étude du décrochage scolaire, il revient sur son parcours et sur des difficultés qu’il constate dans le monde de la recherche.
Clément Dussarps. Crédits : INSPE de Bordeaux

Un amour pour la recherche

En surplomb d’un lac bordé de végétation resplendissante se tient le Château de Bourran, ce lieu historique bordelais est occupé par l’INSPÉ, l’organisme qui forme les futures générations d’enseignants. Aux détours de couloirs or arborés de boiseries et tapisseries détaillées, Clément Dussarps profite d’une pause entre deux cours pour revenir sur son parcours, ses travaux et son vécu d’enseignant chercheur.  Au travers de son parcours académique, Clément se découvre rapidement un amour pour la recherche : après un DUT et une licence en information et communication à l’Université Bordeaux Montaigne, il se lance dans un master de gestion de projets multimédias. « J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser mon mémoire, vraiment » avoue-t-il.  Cela ne l’a pas empêché d’avoir quelques hésitations pour débuter un doctorat, le monde de la recherche lui paraissant difficile et semé d’embûches. Il commence alors à aborder son rapport à la recherche avec un regard stratégique, afin de pouvoir tirer son épingle du jeu, mais aussi réussir à apporter sa pierre à l’édifice.  En 2009, sous la direction de Didier Paquelin (aujourd’hui professeur titulaire de la Chaire de Leadership en pédagogie de l’enseignement supérieur de l’Université Laval au Québec), il réalise ainsi une thèse, soutenue en 2014, sur le décrochage scolaire, avec une spécificité dans les formations à distances, qui voit à cette période une démocratisation.

Ce qui a changé considérablement, ce ne sont pas tant les pratiques de formation, […] que la santé mentale des étudiants. Vraiment. On a vu une explosion de troubles mentaux. Je le vois même à l’INSPÉ, il y a une montée de phobie scolaire, on a des étudiants dépressifs, anxieux … 

Le décrochage scolaire

Aujourd’hui, de par sa position d’enseignant chercheur à l’INSPÉ, Clément cumule les responsabilités en dirigeant un projet de recherche sur le même sujet, réunissant une quinzaine de chercheurs qui récoltent et traitent des données d’enquêtes, d’entretiens et questionnaires. Le projet, intitulé Persévérance dans l’enseignement secondaire à distance (PERSCOL), bénéficie d’un financement de l’Agence nationale de la recherche (ANR). L’objectif est de comprendre pourquoi les étudiants décrochent, et d’élaborer des stratégies ou des méthodologies pour mieux les accompagner.  Si au début de ses recherches, ce domaine commençait sérieusement à avoir un intérêt croissant dans la recherche, le projet, quant à lui, porte un intérêt particulier sur la dimension socio-affective des décrochages, c’est-à-dire de prendre en compte l’interaction entre émotions et le contexte social. Aujourd’hui, dans un monde post-confinement, Clément se retrouve face à une demande de solutions non seulement de la part des institutions enseignantes, mais aussi des étudiants. Si la pandémie a permis de démocratiser, dans une certaine mesure, les pratiques de l’enseignement à distance, elle a aussi exacerbé et provoqué des nouveaux problèmes.

Une rencontre phare​

Lors de sa troisième année de licence, Clément Dussarps a rencontré Didier Paquelin, alors un de ces enseignants, et il a été immédiatement marqué par sa pédagogie et son approche scientifique. Didier Paquelin a graduellement pris une place centrale dans le parcours de Clément, en lui offrant aide et conseil pour se lancer en thèse, affiner le sujet, et du courage, car « le doctorat est une aventure qui nécessite de se projeter ». 

Clément estime aujourd’hui qu’il hérite de cette relation une partie de sa façon de faire et de penser la recherche : « Didier Paquelin aura été autant un modèle et un mentor qu’il est un ami aujourd’hui ».

Une carrière à multiples facettes

En se frayant un chemin dans le monde de la recherche, Clément a dû lui-même apprendre à faire preuve de persévérance. Si son objectif est d’aboutir à l’élaboration de moyens concrets pour aider les étudiants en souffrance, ce qu’il perçoit de la recherche aujourd’hui ne rend pas les choses faciles. Le parallèle avec son sujet de recherche est assez ironique d’une certaine manière, où, dès la fin de son doctorat, il a passé plusieurs années en errance avant d’obtenir une position dans une institution de recherche et d’enseignement. Les demandes de financements pour lancer le projet de recherche ont été longues et difficiles : « ce sont les péripéties du métier de chercheur qui cherche des subventions » ironise-t-il. Malgré ces difficultés, le projet de recherche avance, même si pour Clément, de par sa position de coordinateur de projet, ainsi que ses responsabilités administratives et d’enseignement, dit ne pouvoir consacrer environ « 10 à 15 % » de son temps d’activité au projet en lui-même.
Chloé Badie

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