Mouvement

Pollution lumineuse, les huîtres perdent le rythme

Laura Payton

Laura Payton est chargée de recherche en écotoxicologie et chronobiologie marine au laboratoire EPOC (Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux), à la station marine d’Arcachon. Elle travaille sur le projet ANR LUCIOLE, qui a pour but de mieux connaître l’impact de la pollution lumineuse sur le rythme biologique des huîtres du Bassin.

Laura Payton. Crédits : Yannick Geerebaert

La recherche une vague inattendue

Tout commence par une licence, à l’université de Bordeaux, en biologie cellulaire et physiologie « BCP pour les intimes » ajoute d’un ton amusé la chercheuse. Elle poursuit ses études avec un master en écotoxicologie et chimie de l’environnement. Cependant, ce sera lors de son stage en deuxième année, à la station marine d’Arcachon que Laura Payton met, sans le savoir, un pied dans le monde de la recherche. C’est lors de ce stage en écotoxicologie sur la contamination de l’environnement et ses conséquences sur les organismes, qu’elle découvre la chronobiologie, l’étude des rythmes biologiques. Une succession d’opportunités s’enchaîne : proposition de thèse venant de la station marine et la réussite au concours d’entrée à l’École doctorale. Laura Payton n’avait pas prévu d’entrer dans le monde scientifique, grâce à son travail, elle y est parvenue. « Je suis consciente que je suis chanceuse d’être devenue chercheuse, mon parcours m’a permis de faire ce que j’aime » dévoile la scientifique.

C’était en pleine nuit, j’ai eu une panne de réveil […] mais heureusement que l’on est venu me chercher pour relever les données

L’île aux oiseaux, un laboratoire à ciel ouvert

Pendant une année, Laura Payton a réalisé des mesures sur l’île aux oiseaux du Bassin d’Arcachon. Elle étudie le rythme circadien des huîtres, qui correspond à un rythme biologique d’environ 24 heures. La scientifique regarde notamment l’impact de la pollution lumineuse, provoquée par l’activité humaine, sur ces organismes marins. Elle analyse la distance entre les deux valves de l’huître. Elles correspondent à la partie de la coquille qui se referme lorsque l’organisme marin est en position repos. Cette mesure est prise par des électrodes positionnées sur chacune des deux valves, grâce à un valvomètre non-invasif. Les données récoltées permettent de dessiner un cycle représentant le rythme circadien de l’huître. Laura Payton précise que pour récupérer les prélèvements, notamment la nuit, l’équipe utilise une lumière rouge, dont l’impact sur l’horloge biologique est plus faible que celui de la lumière blanche des villes, afin de perturber le moins possible les organismes. En effet, cette pollution lumineuse bouleverse certaines de leurs habitudes, pouvant entraîner une différence entre temporalité environnementale et l’horloge interne, mais également provoquer un mal-être.
Illustration d’une huître et de ses deux valves. Crédit: Chloé BM

Le tournant d’une rencontre

Lors de son stage en deuxième année de master, Laura Payton a fait la connaissance de Damien Tran, chercheur en écotoxicologie au sein de l’équipe écotoxicologie aquatique du laboratoire EPOC. Grâce à cette rencontre, elle découvre la chronobiologie marine et son application en écotoxicologie, marquant alors un tournant dans sa vie. En effet, Damien Tran lui a donné envie de poursuivre la recherche. Il l’a accompagnée et soutenue, tant dans son parcours scientifique que professionnel. Aujourd’hui, Laura Payton collabore très régulièrement avec lui, sous son regard bienveillant.

Écouter le bassin

Laura Payton confie son intention d’approfondir ses recherches en explorant une nouvelle source de pollution : la pollution sonore. Son objectif est de connaître l’impact lié à la circulation intense des bateaux qui, chaque jour, sillonnent le Bassin pour assurer les liaisons entre les différentes villes côtières. Parallèlement, elle souhaite élargir son champ d’analyse à une autre espèce d’huître, l’ostrea edulis, qui se distingue par sa forme plus plate que celle des huîtres actuellement présentes dans le Bassin d’Arcachon, appelées crassostrea gigas.

Chloé Boin Mignon

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